Remaniement ministériel : l'attente, et après ? L'animation sociale doit se faire entendre !
Un secteur dans l'attente sur les orientations prochaines...
Le remaniement ministériel du 11 janvier dernier a permis de connaître les premiers grands noms du gouvernement Attal. Mais le temps n'est pas encore à l'action car des nominations de ministres délégués et de secrétaires d'Etat sont encore attendues (par rapport au gouvernement "Borne", 13 domaines, périmètres ministériels ou administrations sont "orphelins"). Le discours de politique générale du 1er ministre est prévu le 30 janvier.
Pour notre secteur et pour les animateurs en particulier, plusieurs dossiers importants sont à suivre de près : l'évolution des CVS, une mention "Animation Sociale" en danger et l'attente d'une véritable loi Grand Âge qui donnerait les moyens nécessaires à un secteur qui a grandement besoin d'un nouveau souffle. Le GAG de son côté est prêt à travailler sur tous ces sujets : même si nous sommes conscients que les Jeux Olympiques vont monopoliser la majorité de l'attention de nos interlocuteurs ministériels, nous prendrons contacts avec les nouveaux acteurs dès leur nomination.
Quelles suites pour les rapports plus ou moins médiatisés sortis ces 5 dernières années ?
Avant de se projeter sur les dossiers qui seront traités les prochains mois, profitons de cette période creuse pour regarder dans le rétroviseur. Sur les 5 derniers années, plusieurs rapports importants ont été publiés dans notre secteur (vous pouvez les consulter dans la rubrique ressource, sur la droite de cette article) :
Rapport sur l'attractivité des métiers 2020-2024
2 rapports produits par Denis Piveteau : "Demain, je pourra choisir d'habiter avec vous" et "Experts, acteurs, ensemble... pour une société qui change".
Rapport "Déconfinés, mais toujours isolés", de Jérome Guedj
Rapport "Nous vieillirons ensemble" de Luc Broussy.
2 rapport pilotés par Dominique Libault : "Vers un service public territorial de l'autonomie" et "Concertation Grand Âge 2019".
"Ce que veulent les vieux", le 1er baromètre du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés
ou le rapport CVS Concert' portant sur l'évolution de la démocratie sociale et des CVS dans le médico-social et le sanitaire.
Le but n'est pas ici de faire un bilan mais simplement de mesurer la complexité du contexte qui attend les nouvelles équipes qui vont être nommées dans les prochains jours : notre secteur a besoin de décisions fortes et d'orientations claires, car le vieillissement de la population est un enjeu majeur, sur les plans démographique, économique, sanitaire et sociale. Un constat s'impose en tout cas : dans la majorité de ces rapports, l'animation est évoquée du bout des lèvres, voire pas du tout... Le RFVAA en parle naturellement, le GAG s'est engagé dans le rapport CVS Concert', et des allusions peuvent être faites dans les autres, mais c'est loin d'être systématique et surtout satisfaisant...
Et l'animation sociale dans tout cela ?
Cette absence, ou du moins cette discrétion, n'est ni une fatalité, ni un obstacle majeur pour que demain les choses évoluent. C'est un constat qui s'explique et le GAG dispose aujourd'hui de moyens et d'une position qui vont évoluer dans les années à venir.
Pour comprendre où nous en sommes, il faut remonter un peu plus loin que sur les 5 dernières années prises en référence pour parler des rapports cités précédemment.
L'animation sociale a connu un "Âge d'or" au début des années 2000 jusqu'au début des années 2010 environ. La mise en place d'une filière professionnelle complète et de qualité, la publication d'ouvrages de référence, une hausse des moyens (dispositif emplois jeunes, loi de 2002, le projet d'animation obligatoire) ou encore l'existence d'une presse professionnelle ont permis un développement très rapide pour cette jeune profession. Le GAG a joué un rôle déterminant dans cet essor en participant ou en portant tous les évènements clés de cette évolution (rapport Hervy et Etats généraux de l'animation en 2003, création des congrès en 2006, structuration de la filière animation sociale et reconnaissance dans la fonction publique, création de la Charte de l'animation, etc...).
Mais depuis, l'animation sociale est confrontée à un "plafond de verre", principalement en raison d'un financement reposant sur la tarification "hébergement", qui bride la constitution d'équipes solides dans les établissements et sur les territoires. Plusieurs personnalités en charge des personnes âgées étaient prêtes à modifier les financements de l'animation, mais le ministère de l'économie a toujours refusé d'acter cette évolution... En 2012, le GAG publie un livre blanc et parle de "non-traitance" pour souligner le manque de moyens humains, structurels et financiers pour accompagner la vie sociale des personnes âgées. L'enquête professionnelle de 2017 montrera certaines évolutions mais pas de "révolution".
Preuve de sa capacité à proposer des réponses concrètes et efficaces, CULTUREàVIE a pu voir le jour suite au livre blanc et cette plateforme de partage de contenus d'animation apporte aujourd'hui une vraie bouffée d'oxygène à plus de 4 350 établissements répartis dans 52 départements... Financée par le CNSA, c'est l'une des plus belles réussites soutenues par cet organisme depuis sa création ! Mais cette évolution ne masque pas les difficultés qui demeurent...
Surtout que désormais un double phénomène est aussi à prendre en compte : la désertion des professionnels et un rejet du modèle "EHPAD" par le public. Ce constat, amplifié ou accéléré par la crise COVID, démontre que le système français, qui s'est construit sur le modèle unique de l'EHPAD, est en crise. Les deux piliers qui le constitue sont en train de s'effondrer : la concentration et la sanitarisation. Les retraités de la génération '"baby boom" veulent vivre leur vieillesse autrement et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail n'ont pas les mêmes codes que leurs aînés. Les écoles de soignants et d'infirmiers sont vides, nous manquons de médecin... Le "tout est soin" s'enferme dans une logique stérile et participe à la perte de sens ressentie par les différents protagonistes. Et c'est là que l'animation sociale doit s'affirmer pour prendre une place plus importante.
L'animation est porteuse de solutions !
L'animation sociale est une réponse essentielle face aux problèmes de société que nous connaissons. Il n'y a pas assez de soignants sur le marché du travail ? C'est une réalité incontestable ! Plutôt qued'embaucher des personnes qui n'existent que dans les projections statistiques, déplaçons les moyens financiers vers l'accompagnement psychosocial, notamment les animateurs, pour répondre aux attentes d'un public qui demande ce type d'accompagnement ! Les soignants en poste profiteront eux-aussi indirectement du mieux-être des personnes dont ils s'occupent. Il est beaucoup plus agréable de soigner des personnes qui ont une vie sociale que d'autres qui sont isolées et qui ont perdu le goût de vivre ! Les principales recrues que les soignants peuvent faire aujourd'hui, c'est de retrouver une majorité des personnels arrêtés par épuisement ou qui choisissent de quitter un environnement qu'ils jugent "toxique". Les animateurs ne remplacerons pas les soignants. Mais si les animateurs sont plus nombreux, ils pourront intervenir plus facilement sur le quotidien social des personnes âgées et l'impact de cette évolution profitera à tous !
Concrètement, le GAG propose un repère simple : un minima d'un animateur pour 30 personnes âgées doit devenir la norme. Des fédérations de directeurs nous suivent sur ce point (AD-PA ou FNAQPA par exemple). Les effets positifs seraient considérables, pour le public, les familles et les proches, et le secteur en général. Pour y parvenir, il y a beaucoup de travail, et le GAG n'y arrivera pas seul. Il a besoin de partenaires (il en a déjà de nombreux et de nouvelles coopérations voient le jour) et des animateurs. En effet, les professionnels doivent s'informer, se mobiliser et participer à cette dynamique sur l'ensemble des territoires. Comment ? En rencontrant ses collègues dans les réseaux, en suivant l'actualité professionnelle, en remplissant l'enquête métier 2024 proposée par le GAG, en participant à des groupes de travail ou se rendant au CNAAG notamment.
Faisons entendre collectivement que l'animation sociale n'est pas un gadget ou une "charge financière", mais bien une solution pour améliorer la qualité de la vie sociale des aînés et relever dignement le défi du vieillissement de la population !