Isabelle Hartvig (Citoyennage IDF) : "Rester bien présent au monde" - article et vidéo.
Isabelle Hartvig représentait Citoyennage Île-de-France lors du congrès GAG-AD-PA de 2023. Sa prise de parole fut d'une grande qualité et vous pouvez découvrir l'intégralité de son propos en vidéo en cliquant sur ce lien.
Une intervention qui conjugue avec justesse simplicité, humanité et fermeté.
Dès le début de son intervention, le ton est donné : il sera à la fois doux et ferme, et la parole portée n'est pas tant la sienne que celle du collectif qu'elle représente. Elle introduit en premier lieu l'exigence d'une recherche du consentement pour entrer en établissement. Elle souligne une nuance majeure, celle qui existe entre "essayer de convaincre" mais sans "jamais forcer", mais elle déplore que la seconde option soit encore si fréquente. Une violence intolérable, souvent dénoncée, qui détruit l'envie de vivre de tant de personnes...
La revendication d'un "vrai chez soi", même en institution.
Isabelle Hartvig insiste ensuite sur l'importance de la considération pour tous que l'hébergement, même en collectivité, doit être considéré comme un "chez soi". Elle fustige les interdictions et les restrictions fixées par les établissements, notamment pour les visites ou les horaires de sortie. Elle revient évidemment sur l'épisode douloureux liée à l'épidémie de COVID. Elle illustre d'ailleurs parfaitement la situation décrite par le GAG : cette période nous a confronté à une triple crise : sanitaire, économique et du lien social, ce dernier volet étant bien trop souvent négligé dans les analyses... Et les mots sont forts chez la représentante de Citoyennage Île-de-France, mais justes : "la liberté de recevoir chez soi a été bafouée pendant le COVID", causant "des morts liées au sentiment d'abandon et générant des syndromes de glissement". Et elle pose une question simple et claire : "pourquoi ce droit a-t'il été encore longtemps remis en cause à la fin de l'épidémie ?".
La démocratie pour les personnes âgées, ça se facilite !
L'intervention se poursuite pour souligner l'importance de l'existence et du fonctionnement des conseils de résidents ou des Conseils de la Vie Sociale, pour donner la parole aux personnes âgées. Elle fait naturellement un lien avec le droit de vote, un "fondement de notre démocratie" comme elle le souligne. Isabelle Hartvig pose à nouveau une question pleine de sens : "Est-ce que l'intérêt pour la "chose publique" est toujours favorisé dans les établissements ? Comment la citoyenneté est-elle faciliter ?" Quid de l'accompagnement pour aller voter ? Les ratios de personnel expliquent en partie les difficultés rencontrées sur ces sujets. Mais la volonté est-elle toujours bien présente en amont ?
Le sentiment de déclassement et l'auto-âgisme.
Disqualification et déligitimation : deux mots forts pour expliquer en partie le développement d'un auto-âgisme chez les aînés. La société produit un environnement qui conduit les plus fragiles à se déclasser eux-mêmes. Comment y remédier ? La piste d d'un environnement "capacitant", permettant de simplifier le quotidien, est suggérée. Et surtout les dispositifs d'expression sont une nouvelle fois évoqués. La démarche Citoyennage est décrite en ces termes : "Elle génère de la bienveillance, qui permet la prise de confiance en soi et puis dans les autres". Elle favorise ainsi la redécouverte de ce "qu'on est, de ce qu'on peut et de ce qu'on vaut".
Lieu de réflexion, d'expression et de propositions, Isabelle Hartvig synthétise les forces de Citoyennage avec une belle formule : c'est "un chaudron de possibles"...
Une conclusion poignante.
Pour conclure cette intervention pleine de sincérité et d'humanité, une référence est faite à une synthèse rédigée lors du dernier colloque organisé par Citoyennage Occitanie : "Nous pouvons tous nous sentir collaborateurs d'un futur à inventer. Et je vous jure qu'avec cette conscience, je peux vous dire que quelque chose en nous se dilate, qui ressemble beaucoup au goût de vivre"...