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Des vieux ont parlé du désir sur scène au festival d'Avignon cette année !
Credit photo : RFI, LBO15

Des vieux ont parlé du désir sur scène au festival d'Avignon cette année !

publié le : 23 août 2024

Le festival d’Avignon a fermé ses portes le 21 juillet 2024 mais une création de Mohamed El Khatib nommée “La Vie secrète des vieux” a particulièrement attiré notre attention…  On vous explique pourquoi ! 

Une création qui puise ses racines dans le parcours singulier du metteur en scène.

Mohamed El Khatib est dramaturge, metteur en scène et réalisateur. Né en 1980, dans le Loiret et issu d'un milieu modeste, sa trajectoire raconte à elle-seule une histoire qui mérite d’être racontée... 

Après une courte carrière de footballeur, il s’intéresse à la sociologie, étudie en hypokhâgne et khâgne puis intègre Sciences Po. Il obtient même un DEA de géographie à México, où il sera rédacteur de reportages culturels pour l'édition locale du Monde diplomatique. À l'université d'Artois à Liévin, il est artiste associé au laboratoire de sociologie SHERPA1. À cette même période, il travaille comme chargé de mission théâtre au service culture du conseil régioanl de Basse-Normandie à Caen. Dans ce cadre, il organise avec les CEMÉA des camps de théâtre pour les jeunes défavorisés au festival d'Avignon.  

Il cofonde ensuite à Orléans le collectif Zirlib en 2008. Son travail puise ses racines dans sa conviction que l'esthétique n'est pas dépourvue de sens politique. Il travaille alors sur le réel et l’humain dans un théâtre documentaire qui explore les limites des rapports sociaux. Il met notamment l’accent sur la mise en lumière des “invibilisés” : après les femmes de ménage (Moi, Corinne Dadat - 2014) et les gardiens de musée, il décide de travailler avec des personnes âgées vivant dans des EHPAD. Sa vision coïncide avec celle de l’animateur : il ne souhaite pas travailler sur le manque, le soin, la dépendance, ces sujets classiques ciblant les pertes, mais bien sur les envies, le désir et la vitalité. 

Des vieux qui parlent du désir sur scène ! 

Dès ses premiers échanges avec ses futurs acteurs, il est frappé par leur liberté de ton : les participants veulent être appelés des “vieux” et parler “vrai”. Le spectacle bouscule donc des tabous encore très présents dans notre société concernant la sexualité ou le désir au grand âge. Sur les extraits que nous avons pu voir, on perçoit de la vigueur, de l’humour, de la conviction, de la sincérité et de la tendresse… Un cocktail visiblement très intéressant pour bousculer tout en “invitant à voir”, pas simplement pour le plaisir de choquer. Dire les choses, oser les affirmer sur scène, c’est un acte citoyen, à la fois sur le plan de l’expression personnelle et de la symbolique collective. C’est faire société, en permettant à chacun de revendiquer la place qu’il souhaite, sans se contenter d’une catégorisation, surtout quand celle-ci est stigmatisante et dévalorisante. 

La parole des vieux est toujours plus puissante quand ils peuvent la porter eux-mêmes, dans toute sa diversité. La démarche théâtrale confère une force indéniable à ce discours : l'expression des personnes âgées existe, ce qui pose problème c'est l'écoute, l'espace accordé et l'exercice, maintenu ou réactivé, d'un rôle. Ce sont aussi les fondamentaux de l'animation sociale !

Une démarche solide, inscrite dans le temps.

Nous n’avons pas vu le spectacle mais seulement des extraits. Ces derniers donnent envie d’en savoir plus ! Vous pouvez d’ailleurs en juger par vous-même en allant voir la vidéo sur la chaîne Youtube de RFI en cliquant sur ce lien

Mais ce qui attire plus particulièrement notre attention, c’est que les projets théâtraux avec des publics fragilisés peuvent présenter un point faible : quand les projecteurs s’éteignent, le retour à la réalité peut être très difficile, surtout quand l’intime a été mis en avant et que “l’après” n’a pas été ni réfléchi ni préparé. La démarche proposée ici nous semble solide : Mohamed El Khatib a en effet créé avec avec Valérie Mréjen LBO15, un centre d'art situé au coeur d'un Ehpad (les Blés d’Or > LBO). Ils ont d’ailleurs obtenu le prix « Artistes citoyen.ne.s engagé.e.s » de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Nous allons prendre contact avec eux, peut-être que nous aurons l’occasion de reparler de tout cela prochainement ! 

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