La non-traitance, c'est quoi ?
Définition de la non-traitance
L'ennui et l'isolement social des personnes âgées comme point de départ...
Aujourd’hui, nombre d’EHPAD fonctionnent comme de petits hôpitaux qui cherchent les économies, assurent une sécurité de plus en plus enfermante, dans une logique de « soins ». De même, certains domiciles où les personnes âgées sont aidées, deviennent de petites institutions organisées non pas autour de l’habitant mais des nécessités des intervenants. On vise une maison propre et une personne propre et nourrie, sans autre perspective. Cette vision restrictive fait perdre à tous les intervenants le sens de leur action et de leur rôle. Il est donc indispensable de revenir à une prise en considération de l’ENSEMBLE des attentes et des besoins des personnes. Pour découvrir le concept en vidéo, cliquez ici :
De quoi parlons-nous quand nous évoquons la non-traitance ?
Pour le comprendre commençons par rappeler quelques définitions :
La maltraitance (au-delà de la violence physique) est la non prise en compte des besoins primaires de la personne (être nourrie, hébergée et soignée).
La bientraitance relève quant à elle d'une culture partagée du respect de la personne et de son histoire, de sa dignité et de sa singularité. Pour le professionnel, il s'agit d'une manière d'être, de dire et d'agir, soucieuse de l'autre, réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix et de ses refus (définition de l'HAS).
Nous parlons de « non-traitance » parce qu’un nombre important de besoins et d’attentes des personnes âgées n'est pas pris en compte, ni par la société ni par les structures d’accueil. Ils ne sont pas traités et les réponses ne sont pas apportées. La hiérarchisation des besoins liée aux recherches d’économie vise de fait à ne prendre en compte que les besoins primaires (sécurité, propreté, santé) et délaisse les autres besoins de la personne (vie sociale, citoyenneté, culture, accomplissement de soi...). Aujourd’hui, nombre d’EHPAD fonctionnent comme de petits hôpitaux qui cherchent les économies, assurent une sécurité de plus en plus enfermante, dans une logique de « soins ». De même, certains domiciles où les personnes âgées sont aidées, deviennent de petites institutions organisées non pas autour de l’habitant mais des nécessités des intervenants. On vise une maison propre et une personne propre et nourrie, sans autre perspective. Cette vision restrictive fait perdre à tous les intervenants le sens de leur action et de leur rôle. Il est donc indispensable de revenir à une prise en considération de l’ENSEMBLE des besoins et des attentes des personnes. Il est indispensable que médecins, infirmiers et soignants apportent leurs compétences aux difficultés de la population âgée, mais une politique en direction d’un public ne peut se réduire à cette seule dimension. Les dramatiques crises de la canicule de 2003 ou du COVID plus récemment ont fait apparaître deux causes :
un élément circonstanciel : quelques degrés supplémentaires pendant une dizaine de jours ou une pandémie mondiale
mais aussi un élément de fond : l’isolement et la perte des liens sociaux. Des réponses ont été apportées à la première cause, mais les réponses à la seconde restent notoirement insuffisantes.
Une quête de sens et une volonté de changer de paradigme.
L’ennui et surtout le sentiment d’inutilité des personnes très âgées demeurent ! Le sentiment d’inutilité se réfère à la perception, parfois juste, parfois faussée, des personnes âgées au sujet de leur rôle. Il appelle des réponses en terme de soutien psychologique. Animateurs et sociologues travaillent depuis 35 ans sur le vieillissement des rôles sociaux qui se transforment parfois en perte des rôles sociaux (voir les travaux Hervy-Vercauteren). Les expérimentations menées en animation sociale montrent qu’il est possible de réactiver les rôles sociaux totalement ou partiellement. Nous avons aujourd’hui le savoir-faire. Il est indispensable d’élargir nos visions de la vieillesse et d’élargir nos actions envers ce public. Le développement et la pérennité de leur vie sociale est une nécessité et un apport pour tous. Tous les travaux menés montrent que c’est possible. Il est devenu urgent et indispensable de compléter l’approche sanitaire par une approche sociale efficace. Les demandes des personnes très âgées vont vers la qualité de leur vie plus que vers la quantité de vie (qu’ils ont déjà). Elles demandent à être utiles aux autres et à leurs proches. La quantité de vie et la santé ne suffisent plus à remplir la vie et à lui donner sens.
Pour agir contre la non-traitance et pour donner du sens à la vie des personnes dépendantes, il existe un métier, né il y a 25 ans, celui d’animateur social avec les personnes âgées.